Alistine est née de deux moldus, Megan et Kyle Blank. Tous les deux étaient professeurs, car tous deux croyaient en l’avenir et à l’importance des générations futures. Mais Kyle enseignait la chimie organique à Oxford College quand Megan enseignait en primaire. Quand eux même eurent une petite fille, il n’y avait pas de parents plus heureux ce jour là dans tout le Royaume Unis.

   Ils aimaient leur adorable petite Alistine, scrutant le moindre de ses progrès. En parents attentifs, ils ne tardèrent pas à remarquer plusieurs choses. Comme par exemple le fait que leur fille semblait adorer un jeu un jour pour ne plus jamais le retoucher ensuite. Ou encore, qu’elle apprit les formes en quelques semaines, deux mois plutôt que la normale, alors qu’elle ne montrait aucun signe de mobilité. Et finalement, son mutisme. Elle allait parfaitement bien, mais semblait ne presque jamais parlé.

   Megan et Kyle consultèrent, évidemment. Ils eurent très vite des soupçons. Ils pensaient leur petit trésor surdoué, et cela, peut être, les incita à prendre tôt des mesures. Bien avant les premiers tests de QI, ils décidèrent qu’il serait mieux pour leur talentueuse fille de rester à la maison, et Megan devint professeur à domicile. Le salaire de Kyle était conséquent, certes. Et pourtant, les écoles spécialisées pour les enfants comme Alistine restaient hors budget.

   Le premier mot d’Alistine fut en fait une phrase complète, parfaitement juste grammaticalement, comme si elle avait attendu d’en être capable pour parler. Ce qui, selon le docteur qui s’occupait d’elle, était probablement le cas. Ses premiers pas furent plus compliqués. Elle n’avait encore jamais bougé par elle même, en se trainant ou à quatre pattes, comme le faisaient les autres enfants. Tant et si bien que les autres mamans, à un club que fréquentait Megan, étaient persuadées qu’elle était paralysée. Mais tout à coup, parce qu’elle avait, sans faire exprès, jeter un cube à plusieurs mètres de là, Alistine se leva et commença à marcher… Pour retomber à peine un mètre après, après s’être emmêlée les pieds.

   A trois ans, le QI d’Alistine fut pour la première fois évalué. Comme ses parents et son pédiatre s’y attendait, les résultats indiquaient qu’elle avait effectivement un très fort quotient intellectuel. Moins de 0,3 % de la population testée avait obtenu un tel résultat. La petite absorbait toutes les connaissances. Sa mère devait sans cesse trouver de nouvelles histoires à lui raconter le soir avant de s’endormir. Si Megan commençait à raconter une histoire qu’Alistine avait entendu trop souvent, alors celle ci se mettait à la raconter avec sa mère, montrant avec fierté qu’elle la connaissait par cœur, puis posant toute sorte de questions sur cette histoire, afin de la comprendre.

   Un an plus tard, Alistine savait lire toute seule. Elle commença déjà à se passionner pour les sciences. Que ce soit la biologie, en observant les plantes et les animaux de leur petit jardin, la chimie, avec les expériences amusantes de son père, ou l’ingénierie, quand Megan passait deux heures à lui expliquer le mécanisme d’un objet qui intriguait Alistine, comme l’horloge, la boite à musique, le moulin…

   Mais il fallait aussi apprendre à Alistine à se sociabiliser. C’est pour cela qu’ils tentèrent d’inscrire Alistine à l’école à ses sept ans. Le problème, c’était qu’elle savait déjà lire, alors que ses petits camarades commençaient tout juste à apprendre. Elle s’ennuyait ferme. Son ennui l’amena plusieurs fois à intervenir à des moment inopinés, dérangeant sa classe. Mais autant elle savait lire, elle ne savait toujours pas écrire. Elle eut du mal sur cet apprentissage. La maîtresse avait aussi du mal à savoir quoi faire avec elle. Tantôt elle lisait un livre qu’elle avait elle même amené à la place de suivre le cour, tantôt elle semblait incapable de faire quoi que ce soit. Alistine oscillait entre faire ce qui lui plaisait, c’est à dire lire le dernier livre qui avait capté son attention, ou essayer de faire comme les autres pour avoir des amis.

   Ce qui n’était pas une réussite. Elle savait ce qui la rendait différente : elle connaissait toutes les réponses quand leur maîtresse les interrogeait. Du coup, elle essaya de ne plus répondre. Mais pour autant, elle n’était pas plus acceptée. Elle ne parlait pas non plus comme haut. Soit elle parlait trop vite, soit elle bégayait, soit elle utilisait des mots qu’ils ne connaissaient pas. Elle était mise à l’écart systématiquement, et plus encore quand il fallait faire du sport en équipe où son incapacité à se mouvoir correctement plus d’une minute faisait d’elle un véritable handicap. Elle s’entendait mieux avec des élèves plus âgés et finit par sauter deux classes.

   Cela l’amena, bien avant d’apprendre qu’elle était une sorcière, à fréquenter le lycée moldu. Là, elle fit deux années. Mais autant à l’école junior, les autres s’étaient contentés de les ignorer, elle et ses bizarreries, là, ses ennuis commencèrent. Jamais dans la norme, toujours en décalage, accusée d’être une mademoiselle Je-sais-tout, elle ne fut plus seulement ostracisée, mais aussi insultée, humiliée, voire frappée. A chaque fois qu’elle faisait quelque chose d’anormal, les autres enfants semblaient vouloir la punir. Elle connut le harcèlement scolaire, sans jamais oser en parler à ses parents ou ses professeurs, car cela semblait être de sa faute, car elle était trop stupide pour faire les choses comme il fallait.

   Mais elle n’était pas une moldue. Elle était une sorcière. Elle serait incapable de dire quand cela a commencé, mais finalement, en dehors des cours, elle n’était plus jamais dérangée. Et pour cause… Désormais, Alistine devenait invisible dès qu’elle était au collège, à l’exception des cours. Elle semblait apparaître et disparaître comme par magie. Les autres avaient beau trouvé ça étrange, ils ne pouvaient rien y faire, sans comprendre comment elle s’y prenait. Et comment auraient-ils pu, alors que la concernée ne se rendait compte de rien ? Elle pensait juste qu’elle faisait mieux les choses. Pas encore bien, puisqu’elle était toujours moquée, surtout en sport, mais mieux.
   Ses parents ne se sont rendus compte de rien. Elle avait bien essayé, au début, des trucs pour ne pas aller au collège, mais ses parents voyaient plutôt cela comme le manque d’envie d’aller à un endroit où elle n’apprendrait rien. Et c’est vrai qu’elle n’apprenait pas grand-chose là bas. Sa curiosité naturelle l’avait amenée à apprendre beaucoup plus auparavant. Non vraiment, elle n’aimait pas le collège. Mais maintenant, sa mère travaillait, elle ne pouvait plus rester à la maison comme avant. Non pas qu’elle ne savait s’occuper seule… Mais plutôt qu’elle ne savait pas s’occuper d’elle même. Et il aurait fallu être fou pour laisser une petite fille aussi jeune, maladroite et distraite seule à la maison.

   Sa vie changea du tout au tout le jour de son onzième anniversaire. Ce 2 mars 2011, un drôle de petit bonhomme vint les voir alors qu’elle venait de rentrer du lycée. Il se présenta comme Filius Flitwick, Professeur de Sortilèges et Directeur adjoint de l’École de Sorcellerie de Poudlard. Ce qui était complètement incongru. Megan et Kyle n’avaient aucune raison de le croire. Bien sûr que leur trésor était spécial, ils le savaient déjà. Mais pas parce qu’elle était une sorcière ! Il fallu beaucoup de patience pour que tous les deux, ainsi qu’Alistine, réalisent que la petite fille se rendait invisible inconsciemment à l’école afin de ne pas subir les brimades de ses camarades. Et finalement, ses parents furent d’avantage choqués qu’elle ait été frappée par d’autres élèves que par le fait qu’elle était sorcière.

   Alistine finit l’année assez difficilement. Étrangement, maintenant qu’elle avait conscience de son invisibilité, elle avait tendance à se briser, dès qu’elle y pensait en fait. Mais cette fois ci, elle avait de quoi tenir. Elle savait que l’année prochaine, elle serait dans une nouvelle école, avec pleins d’autres gens que ses camarades de lycée décriraient comme bizarre. Sous son insistance, ses parents et elle étaient venus une première fois au Chemin de Traverse, avec l’aide du Professeur Flitwick, afin qu’elle puisse acheter des livres et commencer à apprendre sur ce monde inconnu. Le petit professeur avait été très clair, que des livres sur l’histoire de la magie et l’histoire de Poudlard. Mais c’était déjà passionnant.

   Elle retourna sur le Chemin de Traverse avec ses parents après qu’elle eut reçu, en juillet, la liste de rentrée. Toute une série de chose dont elle n’avait jamais entendu parler, et d’autres qu’elle connaissait uniquement à travers ses livres les plus récents. Elle commença par la boutique d’Ollivanders pour sa baguette magique et reçu une baguette de noyer de vingt sept centimètres, rigide, avec un coeur en plume de phénix. Le vendeur lui dit que c’était une baguette pour les inventeurs et les innovateurs, ce qui gonfla de fierté le petit cœur de la blonde.

   Sa rentrée à Poudlard se passe plutôt bien. Elle était encore considérée par certains comme une espèce de monstre, car même là, elle détonnait et était bizarre, que ce soit à cause de ses questions, à cause de ses réactions et parfois même à cause de ses origines. Mais elle eut aussi ses tous premiers amis. Et au sein de sa Maison, elle se sentait parfaitement bien. Alistine est une élève douée. Elle continue à assimiler les concepts les plus compliqués en un rien de temps. La théorie ne lui pose aucun problème. On ne peut pas dire la même chose à propos des sortilèges. Dès qu’il lui faut prendre et agiter sa baguette magique, il y a une forte probabilité que tout se passe très mal. En revanche, elle s’est découvert un don incroyable pour les potions, domaine dans lequel elle excelle. Il lui arrive de faire quelques maladresses, certes, mais si elle se concentre suffisamment, sa potion sera toujours parfaitement réussie.

   L’année dernière, elle reçut d’excellentes notes, à l’exception de Défense contre les Forces du Mal et Vol, son point faible. Il faut dire qu’être terrifiée rien qu’à l’évocation des affreuses créatures du mal n’aide pas. Quand aux balais… Et bien, entre son vertige et son manque de coordination, vous voyez le tableau. Alistine est tout simplement incapable de voler plus de trente secondes, même à un mètre du sol. Elle reçut trois O, en Astronomie, Histoire de la Magie et Potions, 3 EE, en botanique (tomber sur les plantes dont elle devait s’occuper n’a pas du aider), en métamorphose (elle n’avait vraiment pas fait exprès de changer les chaussures du professeur en lapin…) et sortilèges (elle ne comprend toujours pas comment le sortilège de chatouillis a pu la prendre pour cible elle). Elle arracha un A en Défense contre les Forces de Mal (et elle refuse de parler de cette épreuve) et sans surprise, c’est un T qui l’attendait en Vol. Pour sa troisième année, elle a décidé d’étudier en plus trois domaines : l’arithmancie, l’étude des runes et les soins aux créatures magiques. Notons qu’il y a deux matières uniquement théoriques sur les trois. Quand à la dernière, elle espère certainement qu’il s’agit plus de cours de biologie que d’aller papouiller des bestioles terrifiantes.

   En parallèle de ses études sorcières, elle continue ses études moldues. Elle utilise pour cela l’Institut Adams pour Enfants Particuliers qui lui envoie des cours et lui permet de passer plusieurs tests pendant ses vacances. Avec ses deux années d’avance dans le monde moldu, elle a déjà passé le Key Stage 3 et prépare son GCSE avec de nombreuses matières scientifiques. Malgré ses études à Poudlard, elle aimerait faire des études de physique dans une grande université.