Aujourd'hui était match de quidditch. Non pas que cela concernait Alistine. Elle n'avait eu aucune envie d'aller voir d'autres personnes voler sur leurs balais à des vitesses folles, faisant toutes sortes de figures dangereuses, et avec en plus des balles qui risquaient à tout moment de vous foncer dessus pour vous blesser. Il fallait être complètement inconscient pour pratiquer ce sport, et même pour en être spectateur, il fallait avoir une bonne dose de courage. L'idée même d'aller s'installer dans les hautes tribunes donnaient à la petite fille la nausée. C'était peut être le premier match de la saison, mais tout ce que la Serdaigle avait entendu dire sur le Quidditch l'avait décidé à ne surtout, surtout, ne jamais aller voir le moindre match.

Le matin, elle s'était donc dirigée avec son sac, son chaudron et ses ingrédients de potions jusque dans les cachots, où elle pourrait être tranquille. Elle esquiva les quelques retardataires de Serpentard et de Poufsouffle du mieux qu'elle pouvait. En particulier les Serpentards. Il y avait parmi eux quelques uns qui aimaient à se moquer d'elle et dont elle avait très peur. Eux et les Gryffondor. Bien sûr, ce n'était pas une généralité, tous n'étaient pas ainsi. Il y en avait même qui la défendait. Mais malgré tout, les robes vertes comme les robes rouges étaient devenues pour elle un signe de danger. Pour une personne comme Alistine, qui a du mal à cerner les intentions des autres, à les comprendre, c'était plus simple de prendre un critère aussi objectif que la couleur des robes, malgré la grossièreté de celui ci et des amalgames qui en découlaient.

A Poudlard, Alistine s'était découvert un talent certain pour les potions. Elle y excellait. Cet art subtil était pour elle un ensemble d'équations à résoudre et elle parvenait mieux que quiconque dans sa promotion à l'aborder. Elle avait déjà pris de l'avance sur le programme, du moins, dans la théorie. Car le Professeur Belby avait toujours interdit à ses élèves de pratiquer sans supervision. Néanmoins, Alistine était désormais face à un mur. Elle ne pouvait pas continuer à apprendre sans pratiquer, ce qui l'amena à aujourd'hui où pour la première fois, elle allait sciemment désobéir à un professeur. La semaine dernière, leur professeur les avait évalués sur la Potion à soigner les furoncles, et Alistine avait obtenu un Optimal. Elle savait que la prochaine potion qu'ils étudieraient serait le Baume de pâquerettes puisque leur Professeur leur avait demandé de faire des recherches sur celui ci.

Alistine avait déjà écrit son parchemin, mais elle était frustrée. Car il ne contenait guère qu'un résumé organisé de ce qu'elle avait pu lire dans divers grimoires sur chacun des ingrédients de la potion et sur le baume en lui même. Elle avait en plus de cela ajouté la posologie de ce baume selon la gravité des contusions, plaies, maladies de peau, à soigner. Mais elle avait pu trouver plusieurs protocoles possibles, avec des différences sur la quantité de plusieurs ingrédients, ou certains temps de cuisson, et si elle avait une idée vague de ce que ces changements appliquaient, grâce à l'étude de leurs propriétés, il lui paraissait nécessaire de mettre en pratique afin de confirmer ou d'infirmer ses hypothèses.

La voilà donc dans le cachot, en train de faire pour la première fois des potions sans supervision. Elle avait déjà réalisé deux baumes différents quand elle entendit la porte du cachot où elle s'était planquée s'ouvrir, pour laisser entrer une fille en robe verte. Alistine lâcha immédiatement les quatre brins d'orties qu'elle avait en main et s'éloigna instinctivement de son chaudron et de l'entrée, tant à cause de sa peur des autres que parce qu'elle venait de faire une bêtise sur sa potion. Grand bien lui en prit. Elle n'était pas encore censée les ajouter. Sa potion se mit immédiatement à bouillir et à sortir du chaudron et à éclabousser tout autour. Quelques gouttes lui retombèrent dessus, mais fort heureusement, elle ne fut pas plus brûlée que ça.

En regardant de plus près la nouvelle venue, la petite Serdaigle reconnue une camarade de classe. Elle avait été en binôme avec elle une fois en potions. La rousse ne s'était jamais moquée d'elle. Cela elle en était sûre. Ou alors, seulement quand elle n'était pas là pour entendre.

« Qu’Qu’Qu’Qu’estcequetufaislà ? Pourquoitu-tu-tu-tu-tunespasallévoirlematchdeQuidditchco-co-commelesautres ? JecroyaisquetoutlemondeallaittoujoursvoirlematchdeQuidditch. Sinonje-je-je-jeneseraisjamaisvenulà, troptroptropprochedesmé-mé-méchantsSerpentards. »

Bien sûr, elle ignorait que le match en question s'était terminé il n'y a pas si longtemps que ça.

L’excitation se faisait sentir, le premier match de la saison était toujours un évènement très attendu. Serpentard ouvrait cette année le bal face à Poufsouffle, Tilly était toute aussi excitée que les autres, même si elle avait déjà vu des matchs de professionnel, l’excitation était la même. Surtout que la jeune sorcière attendant avec impatience l’année d’après pour essayer les qualifications et jouer enfin. Même si elle ne savait pas encore quel poste elle souhaitait prendre.

Elle se laissa guider par ses camarades, encore plus excité qu’elle et se dirigea vers les gradins afin d’encourager son équipe. Il était étrange pour la jeune fille d’ordinaire si solitaire d’être entourée d’autant de personnes. Mais cela lui faisait du bien, pendant ces quelques instants, elle avait l’impression d’être une jeune fille normal, d’être accepté au sein d’une très grande famille. Le match était vraiment des plus intéressant pour notre première année, elle analysait le mode de jeu de ses camarades et ceux de ses adversaires. Elle nota rapidement que les Serpentard, bien que rapide, laissait leur tactique à désirer.

Fort heureusement pour sa maison, la défense était là pour empêcher les poursuiveurs de l’équipe adverse de marquer l’écart entre les points. Grâce à leurs efforts, ils réussirent à maintenir le jeu le temps que l’attrapeur de l’équipe de Serpentard n’attrape le vif d’or et mette ainsi fin au premier match de la saison.

Tilly était heureuse d’avoir assisté à son premier match, mais très vite, l’euphorie de la fête la quitta et elle eut envie de replonger dans ses livres. Le match était passé, sa maison avait gagné, maintenant il était l’heure de travailler.

Alors que ses camarades se dirigeait vers la Grande Salle où avait lieu la fête d’après-match, la jeune sorcière se dirigea vers son dortoir. Elle avait un devoir à rendre sur les potions dans trois semaines et elle voulait s’y mettre le plus tôt possible. Alors qu’elle préparait son matériel, elle se rendit compte qu’elle ne retrouvait pas son manuel de potion et comprit qu’elle l’avait oublié en classe lors de son dernier cours.

Elle quitta donc son dortoir et se dirigea vers la salle de classe, qui ne se trouvait qu’à quelques mètres de là. Le couloir était encore calme, les élèves étaient sans doute encore en train de faire la fête et les professeurs les accompagnant sûrement. Elle ne toqua donc pas à la porte et entra directement dans la salle de Potion.

Elle y prit son manuel et en sortant de la classe, remarqua quecertains élèves revenaient de la fête pour la continuer dans la salle commune. Comprenant qu'elle n'aurait pas la paix pour faire son devoir, la jeune Serpentard retourna dans sa chambre, prit ses affaires et se dirigea vers un cachot où elle pensait avoir la paix. Pensant que la pièce serait désert, Tilly rentra d'un coup, sans vérifier s'il y avait quelqu'un.

Elle fut donc des plus surprises lorsqu’elle vit une élève, sursauter comme un écureuil, face à elle. Tilly remarqua qu’elle laissa tomber quelque chose dans son chaudron et n’eut pas le temps de l’identifier qu’une explosion jailli de ce même chaudron et manqua d’ébouillanter la jeune sorcière. Elle évita les projections et observa sa camarade de Serdaigle. Elle l’avait déjà vu, elles avaient été assignées ensemble en tant que binôme, Tilly se rappelait qu’elle était très intelligente, mais pas vraiment à l’aise socialement. Certains de ses camarades s’amusaient en se moquant d’elle, pas Tilly. Il n’y avait aucune honte à être intelligent et pour elle, au moment où l’on est un sorcier, on est une personne bizarre.

La jeune Serdaigle semblait paniquée, Tilly ne voulait pas la mettre dans un tel état. Elle se demanda si elle était dans un tel état à cause de la présence de la Serpentarde ou parce qu’elle s’était fait prendre en plein délit de fabrication de potion sans supervision ? La jeune Irlandaise leva les mains pour montrer patte blanche et apaiser sa camarade :

-Désolée, je ne voulais pas te faire peur, je pensais qu'il n'y aurait personne. Le match à pris fin il y a une demi-heure au moins, les autres sont en train de faire la fête dans la grande salle, mais si tu ne veux pas croiser de Serpentard, tu ne devrais pas tarder, j’ai cru comprendre que les fêtes ne duraient jamais bien longtemps ou alors rester assez longtemps pour qu'ils aient le temps de rentrer.

La jeune fille baissa les bras et observa la potion de la jeune Serdaigle.  

-Tu as essayé de reproduire le Baume des Pâquerettes ? Ne sois pas si surprise, on est dans la même classe et on doit rendre le même papier. C'est d'ailleurs pour ça que je suis ici, je voulais le rédiger tranquillement, mais les autres sont déjà en train de rentrer dans la salle commune et sont bien trop bruyants pour se concentrer. Je peux comprendre pourquoi tu as essayé, la théorie ne répond pas à toutes nos questions, mais… Je me demande si tu as bien choisi l’endroit. Je veux dire, si tu as peur des Serpentard, être à côté d'eux ne me semble pas très raisonnable. Surtout que d’autres élèves peuvent venir ici pour faire des farces, c'est souvent le cas en période de match. Enfin c’est ce que j’ai entendu dire… Enfin bref, je ne vais pas te déranger plus longtemps.

Tilly s’avançait déjà vers la sortie, lorsqu’elle entendit les voix de certains de ses camarades et se rappelant à quel point la Serdaigle avait l’air effrayé des Serpentard, elle se retourna avec un sourire amical :

-Dis-moi, est-ce que ça te dérange si je reste ici pour écrire mon devoir ? Tu as le droit de dire non, mais si mes camarades viennent je pourrais leur dire de dégager. Ou alors je peux aussi te raccompagner à ton dortoir pour être sûre que les personnes de ma maison ne soit pas méchantes avec toi. Je sais que certains élèves ne sont pas des plus amicaux...

Le match était déjà fini ? Mais aucun Serpentard ne semblaient avoir passé par là pour rentrer… Ah non, ils étaient allés dans la Grande Salle d’abord apparemment. Alors, elle ne devrait pas être trop embêtée, même si cette fille était là… C’était quoi son nom déjà ? Melissa ? Amalina ? Amelia ? Melina ? Ou peut être… Thalya ? Tina ? Mais elle était intelligente, elle le savait. Au moins, elle, elle réussissait à lancer les sorts qu’on leur enseignait. D’ailleurs, elle le prouva même en reconnaissant rien qu’avec les ingrédients la potion qu’elle faisait. Apparemment, l’endroit choisi n’était pas le bon, mais alors, où aller ? Il lui semblait que presque personne n’allait ici. Dans la salle commune de Serdaigle, elle se ferait prendre par les préfets immédiatement.

« Tuconnaisunendroitoùonneseraitjamaisdérangé ? Moijesuistellementstu-stu-stu-stupide quejemeperdsencoreàPouldard… Alorsducoupjesaisp-p-p-p-pas oùaller. »

La petite serdaigle mit quelque temps à réfléchir à la proposition de sa camarade. Elle ne lui avait jamais fait de mal, et si elle pouvait vraiment éloigner les méchants d’elle, alors, elle serait peut être en sécurité pour terminer ce qu’elle voulait faire. Et donc, vingt secondes plus tard, elle hocha de la tête de haut en bas pour lui donner son accord.

« Tupeuxresterçanemedérangepas. »

Et puis, puisqu’elle l’aidait, alors Alistine aussi devrait l’aider. Son père avait toujours dit qu’il était important de s’entraider.

« Sisisitun’aspasd’autreslivresquelemanuel, j-jejepourraistemontrerceuxquej’aiempruntéàlabibliothèque. »

Et sans attendre plus de réponse de sa camarade, Alistine plongea la main dans son sac extensible pour en sortir tout un bordel sans nom.

« Nonpasça.Pasçanonplus. Ohçac’estmesnotessurlaforced’attractionetlesortilègedelévitation. Ohtiensmonlivredebiologie. Ahouiceluitiens ! »

Le premier grimoire qu’elle tendit à Amelia était nommé « Cinquante simples d’Europe utilisés en potions depuis l’Antiquité » tout en commentant dessus.

« SavaistuquelessorciersromainsutilisaienteuxaussiuneversionanciennedeceBaumeetqu’ilslevendaientauxlégionnaires ? Quandilsenmanquaientensuitelessoldatsessayaientdelereproduiremaisenvain. Enfin, pastoutàfaitenvainparcequ’envrai, mêmelesmoldussaventquelespaquerettesontdespropriétésastringentesethémostatique. »

Et immédiatement après avoir balancé tout ça à la vitesse du son, elle reprit sa fouille de son sac, sortant encore deux grimoires à l’intention de sa camarade intitulés « Remèdes magiques élémentaires » et « Potions du quotidien d’une mère au foyer » mais aussi un livre moldu nommé « Plantes les plus communes en homéopathie » qu’Alistine avait acheté dans une librairie londonienne moldue en voyant des plantes connue aussi bien par les moldus que les sorciers en médecine… Bien que l’homéopathie et la science soient parfois en discorde, ce que les sorciers arrivaient à faire avec les plantes n’allait-il pas dans le sens cette médecine controversée ?

Oui, exactement, dès que ta camarade commença à parler de sciences, tu aurais pu lui dire tellement, oh tellement de choses. Par exemple, lui expliquer les bases de la force de gravité, lui expliquer comment on pouvait calculer la vitesse à laquelle les objets tombaient, pourquoi leur masse n’importait pas, ses interrogations sur pourquoi alors est-il plus facile de faire léviter une plume qu’un livre… Mais apparemment, elle ne voulait pas vraiment parler de ça, alors qu’Alistine était déjà en train de préparer un résumé de ses notes à ce sujet. Elle posa les mains sur sa bouche pour éviter d’en parler, trop habituée sans doute aux réactions violentes qu’elle pouvait susciter en parlant d’un sujet qui n’intéressait qu’elle. Et puisque l’autre jeune fille se mit dans ses devoirs sans dire un mot de plus, Alistine reprit son expérience. Elle avait raté son dernier essai et allait donc devoir le reprendre de zéro. Elle vida donc son chaudron dans un bocal de verre, qu’elle étiqueta soigneusement « BM003 ». Puis elle prit un parchemin et écrivit en haut en gros la même référence, suivi d’un gros « RATE ». Elle recopia le protocole qu’elle aurait du utiliser, mais aussi à quel moment les choses avaient mal tournées, et rangea la fiche dans son classeur pour le moment encore guère rempli. Il était temps de réessayer.

Elle remit de l’eau dans ton chaudron à partir d’une grosse bouteille de deux litres. Elle en avait plus qu’une pour un dernier essai après celui ci. Puis elle souffla, plusieurs fois, avant d’allumer un petit feu sous son chaudron d’un « Incendio » tremblotant. Elle porta son chaudron à ébullition, versa quatre mesures de racine de marguerite pillée, touilla quatre fois dans le sens des aiguilles d’une montre, ajouta à nouveau quatre mesures, puis tourna encore quatre fois dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, laissant prendre à son baume une légère couleur violacée tirant sur le bleu.

« Hum,çaavanceoui.Jeveuxdireforcémentqueçaavance, puisquej’aitravaillédessusetquedutempsapassésinonceseraittrèsinquiétant. Maisc’estmaquatrièmepotionencomptantcellequejeviensderater. Enfaitjesuisentrain de tester plusieurs protocoles pour en observer les différences et les renseigner. »

Elle augmenta le feu sous son chaudron pour faire de gros bouillons, retourna un sablier pour mesurer le temps, surveillant le changement de couleur.

« Apparemment, je dois attendre une trentaine de seconde et la potion doit être de plus en plus bleue... »

Mais Alistine préférait un critère comme le temps pour agir sur sa potion, plutôt que la couleur. Quand son sablier finit de s’écouler, elle jugea qu’il était temps pour elle de baisser le feu et d’ajouter immédiatement trois crochets de serpents, puis les tiges de cinq marguerites. Rapidement, la potion s’éclaircit, passant d’un bleu nuit à un bleu ciel. Alistine attendait à nouveau, pour rajouter ses brins d’orties, que la potion soit suffisamment claire. Elle poussa vers la Serpentarde son classeur, avec le protocole d’inscrit, afin qu’elle puisse la suivre -et oui, aussi pour qu’elle puisse l’aider.  

Quand il n’y a pas d’imprévu dans le script, les choses sont toujours plus simples. Après une réduction d’une dizaine de minutes la potion d’Alistine était un succès. S’aidant d’une louche, elle versa son dernier essai dans une nouvelle fiole étiquetée BM004. Sur le parchemin associé, elle avait déjà écrit plusieurs remarques. Elle se demandait, entre autre, ce qui se passerait si elle laissait cuire à gros bouillon plus longtemps. A quel moment était le point de rupture entre le bleu qu’elle est censé obtenir et la prochaine couleur. Et quelle était cette prochaine couleur ? Du violet au bleu au vert ? Mais pourquoi du vert ? Cela lui donnait furieusement envie d’essayer. Son esprit scientifique lui faisait dire qu’il devait y avoir un temps optimum. Elle se le note, mais aussi, elle note qu’elle doit s’assurer que tous les autres paramètres soient parfaitement identiques, ce qui implique sans aucun doute de peser. A son avis, le problème des potions chez les sorciers était le manque évident de standardisation des mesures. C’était comme les américains qui continuaient à tout mesurer en cup et en pouces plutôt qu’en grammes et en centimètres.

A onze ans déjà, Alistine était prête à prendre les armes et à commencer un long combat contre les traditions d’un autre âge du monde magique.

Et toutes les réflexions qu’elle se faisait, elles les notaient sur son parchemin, noir sur blanc. Ou plutôt noir sur beige.

Aucune de vous ne parle. Tilly -puisqu’elle t’avait son nom un peu plus tôt- travaille sur son devoir et toi, tu te perds dans tes réflexions en observant ton baume se solidifier en refroidissant dans ta fiole. C’est à ce moment que des bruits la tirèrent hors de sa bulle. Des inconnus entrèrent et Alistine se recroquevilla dans un coin de la pièce pendant que sa camarade parvenait à les faire partir. La discussion prit un peu de temps, temps pendant lequel Alistine essayait de se faire la plus discrète possible en tripotant le collier qu’elle avait autour du cou. Elle aurait aimé savoir se rendre invisible, comme elle l’avait fait pendant si longtemps, mais c’était devenu impossible depuis qu’elle essayait de le faire consciemment.

Quand enfin ils partirent et que Tilly se tourna vers Alistine, elle put remarquer que la petite Serdaigle était presque tremblante, mais l’observait avec de grands yeux admiratifs.

« Ils sont gentils avec toi… Pourquoiilssontgentilsavectoi ? Lesseulespersonnesgentillesavecmoisontmesparents. Oh… nontoiaussituesgentille...Estcequejefaisquelquechosedemalpourquetoutlemondesoitméchant ? »

Elle n’était pas moins admirative de la facilité avec laquelle Tilly avait lancé le sort d’emprisonnement.  

Lorsqu'elle se retourna vers sa camarade, Tilly se rendit compte que cette dernière était encore tremblante de l'intrusion de ses camarades Serpentard, elle laissa Alistine se calmer, elles ne se connaissaient pas assez pour qu'elle lui tapote l'épaule ou lui fasse un câlin pour la réconforter. Il fallait dire, la jeune Serpentarde n'avait jamais réconforté qui que ce soit et la seule personne qui l'avait jamais réconforté était son frère et son grand-père et entre un câlinours et un vieil ours... Elle n'était pas sûre que leurs méthodes soient les bonnes. A la remarque de la Serdaigle, elle se contenta de hausser les épaules en répondant.




Sur ces mots, la jeune sorcière alla se réinstaller à sa table et continua de travailler sur son projet, de nouveau, elle occulta la présence de la Serdaigle pour se perdre dans sa lecture, chacune des informations qu'elle trouvait la passionnait et elle le notait d'une main sur son parchemin. Le temps passa où elle put récolter toutes les réponses qu'elle pouvait avoir besoin pour son devoir. Il ne restait plus qu'à tout mettre au propre, elle se demanda si elle devait le faire maintenant ou plus tard, réalisant de nouveau la présence de sa camarade, elle leva la tête dans sa direction, attentant qu'elle finisse son expérience pour parler à nouveau et ne pas la faire sursauter.



Suivant sa réponse, elle déciderait si oui ou non elle ferait son devoir au propre.

Le grand-père de Tilly avait l’air d’être quelqu’un de sage mais… Comment faire pour ne pas montrer sa peur ? D’ailleurs, comment les autres faisaient-ils pour voir ça chez elle, même quand elle ne tremblait pas ? Alistine ne savait pas, et elle n’osa pas demander, de peur de paraître encore plus idiote qu’elle ne l’était vraiment.

Mais ce qui était important pour la petite Serdaigle, c’était de se sentir en sécurité. Protégée par sa camarade. Quand celle ci lui assure qu’elles ne seraient plus dérangées, elle en profite pour tester un nouveau protocole. Ainsi que réfléchir à comment tu pourrais tester les températures sur cette potion, en partant d’ingrédients pesés. Elle n’a plus assez d’ingrédients et de matériel pour se lancer dans une nouvelle expérience, mais elle profite pleinement de la tranquillité promise par sa camarade serpent. Quand elle releva les yeux de ses classeurs et de ses notes où elle a écrit frénétiquement tout ce temps, elle croisa le regard de Tilly.

« Ohnonj’aifini… TuveuxvoirlatourSerdaigle ? J’adorelesénigmesdenotresallecommune. »

Elle rangea rapidement ses affaires pour repartir avec sa nouvelle amie. Elle a en fait hâte de lui montrer quelque chose, parce qu’elle espère ainsi que la jeune fille restera plus longtemps son amie. Alistine était particulièrement heureuse de guider la jeune serpentard. Elles remontèrent dans le hall nord, passèrent par la tour du clocher pour arriver dans le hall central, où elle se dirigea vers l’entrée du viaduc, et monta dans une petite tour, à l’opposée de la tour de divination, pour sortir par un pont et finalement rejoindre la tour Serdaigle au premier étage. Et tout cela, sans cesser de discuter des propriétés des pâquerettes. Soucieuse d’aider sa première amie à Poudlard, Alistine voulait s’assurer que Tilly ait bien vu tout ce qu’il y avait à dire sur elles, au risque sans doute de se répéter encore et encore.

« Lesromainssavaientdéjàpourleurspropriétéscicatrisantesc’estvraimentextraordinaire. Direquenouslesmoldusnousavonscomplètementarrêterdepenserça. Jecroisqueenfaitc’estjustequ’onajamais trouvécommentfaire. Parcequ’ilfautdelamagie. »

Il leur fallait encore grimper quelques escaliers pour arriver jusqu’à la salle commune. Mais elles sont désormais au deuxième étage, et un couloir mène au Grand escalier, qui permettrait à Tilly de rejoindre plus facilement sa propre salle commune.