Apprendre un sortilège, c’était deux choses. D’un côté, il s’agit de connaître le sortilège, non seulement sa formule et le geste l’accompagnant, mais aussi l’étymologie de la formule, l’histoire du sortilège, ses cas d’utilisations, ses propriétés exactes, ses variantes, ses contre-indications… Tout cela consistait en l’aspect théorique du cours du professeur Flitwick. La deuxième partie du cours, celle que la plupart des élèves préférait, était la partie pratique. Celle où l’on faisait lever les plumes, celle où l’on attirait ou repoussait les coussins et tout cela le plus souvent dans un joyeux capharnaüm. Le vieux professeur avait pris l’habitude de mêler les deux dans ses cours afin que ses élèves souvent indisciplinés ne s’ennuient pas. Mis à part les tous premiers cours de premières années après Lumos, il ne faisait jamais que de la théorie, bien que l’inverse peut être vrai.

Aujourd’hui, il avait cours avec les cinquième année. Après les deux premières semaines passées sur des révisions des années passées, ils allaient s’attaquer à un sort compliqué du programme. Le sortilège de Gèle-Flammes.

Une fois tous ses élèves installés, il capta leur attention d’un petit sortilège d’Incendio. Il créa une véritable boule de feu que tous regardèrent. Ce n’était pas commun, qu’un sorcier puisse retenir ainsi les flammes de ce sortilège, mais c’était possible, avec de la pratique et de la maîtrise.

« Quelqu’un parmi vous connait-il le sortilège de Gèle-Flammes ? »

Quelques mains se levèrent et Filius en choisit une pour donner la réponse. Qu’il reprit et compléta ensuite.

« Effectivement, le sortilège de Gèle-Flamme est un enchantement permettant de ne pas être brûlé par le feu ou les flammes. C’est un enchantement très anciens. Autrefois, malgré sa difficulté, on l’apprenait tôt aux jeunes sorciers et aux jeunes sorcières, car il permettait d’échapper vivant au bûcher. Vous connaissez tous Gwendoline la Fantasque et sa manie de se faire arrêter et condamner, tout cela pour l’agréable sensation de chatouillis que les flammes provoquent alors. De nos jours, ce sort n’est plus aussi utilisé, mis à part durant les duels. En effet, un sorcier talentueux et rapide peut se servir de cet enchantement pour rendre inoffensives les flammes d’Incendio. »

Il y avait dans la classe plusieurs duellistes qui seraient sans doute intéressés par cette information, d’autant plus que le jeune Lupin affectionnait particulièrement le sortilège de Feu en ouverture de ses duels.

« Attention néanmoins, cela vous demandera beaucoup de maîtrise, je vous conseillerais donc de vous en tenir encore un petit moment aux autres méthodes. »

Il était temps de passer à la démonstration. Les flammes qu’il avait créées étaient toujours au dessus de lui. D’une voix claire et distincte, il prononça la formule tout en effectuant du poignet trois boucles.

« Frignis »

D’apparence, rien ne changea. Mais lorsque Flitwick fit retomber la boule de feu sur lui et sa pile de livres, les élèves purent constater de visu que non seulement, il n’avait rien, mais que ses livres, sa robe, et tout ce qui l’entourait, restaient aussi intacts. Il mit fin à l’incendie d’un mouvement de baguettes avant de se tourner vers les élèves.

« Frignis vient des mots latins « ignis » signifiant feu et « frigus » signifiant froid. J’insiste sur la prononciation d’ignis et par extension de frignis. Nous avons bien deux syllabes, deux sons consones séparés. « ig » ou « Frig » puis « Nis ». »

Les français avaient en particulier une tendance à mal prononcer cette formule, mais les étudiants britanniques pouvaient aussi se faire avoir.

« La formule est donc un mot valise de froid et de feu, ce qui va avec le concept de geler les flammes. Le froid est placé comme un particule avant le feu, pour annuler le feu. Comme on le fait avec les particules anti par exemple. »

Maintenant qu’il avait exploré le plus gros de la formule, il comptait leur parler des différentes règles d’utilisation de cet enchantement. Il fallait notamment savoir qu’au delà d’une certaine température, il se révélait tout à fait inneficace. Ainsi, il annulait bien la plupart des Sortilèges du Feu -bien que le rapport de puissance entre les deux sorciers étaient alors à prendre en compte- et les flammes non magiques, il s’avérait inutile contre d’autres feux magiques. Il leur donna au passage un devoir pour dans deux semaines sur l’un des plus célèbres et des plus dangereux de ces feux, le Feudeymon.

Puis, à un peu plus d’une demi heure de la fin du cours, il refit plus lentement le mouvement permettant de lancer l’enchantement.

« Il s’agit de trois boucles qui se suivent. La première commence en haut à gauche, elle descend par la droite, remonte par la gauche. A mi-hauteur, la deuxième boucle commence, en allant à droite. Lorsque l’arc de cercle que vous formez est de nouveau en bas, c’est la dernière boucle, il faut remonter par la gauche. »


Selon l’avis du gourmand qu’était le Directeur de Serdaigle, cette série de boucle ressemblait énormément à un bretzel. Mais il était hélas le seul à voir la ressemblance. C’était aussi et surtout une série retraçant quasiment le signe très épuré du Poisson. Il prit du temps pour que chacun de ses élèves reproduise parfaitement le signe. Même si c’était au ralenti pour le moment, cela n’avait pas d’importance.

« Bien, vous allez tous allumer la bougie qui est devant vous. Puis vous essaierez de lancer ce sort. Pour vérifier que vous avez réussi, vous prendrez un parchemin vierge et le placerez dans la flamme. Vous avez une demi-heure. »

Il ne s’attendait jamais à ce que ses étudiants parviennent dès le premier cours à lancer un sort, surtout un sortilège aussi complexe. Mais il y avait toujours quelques exceptions, de celles se comptant sur le doigt d’une main. Voire d’une demi main. Au bout de la demi heure, deux élèves seulement parvinrent à un résultat. Si les deux parvinrent à éviter que leur parchemin ne prenne feu, celui ci avait quand même chauffé, en particulier pour l’un d’entre eux qui avait du le lâcher. Malgré tout, il leur accorda respectivement dix et cinq points pour ce très bon résultat.

Points accordés (tous attribués) :
]5 points accordés à Serdaigle pour la bonne réponse de Ferkad
10 points accordés à Serpentard pour la réussite de Pearl Adams
5 points accordés à Poufsouffle pour la semi-réussite de Edward Lupin

Les cours avaient commencés depuis deux semaines. Deux semaines, c'était suffisant pour rentrer à nouveau dans une certaine routine. Être préfet lui rajoutait du travail, mais dans l'ensemble, il s'en sortait bien. Il n'intervenait que peu, et le plus souvent, avant les gros accidents qui pourraient être problématiques. Il ne s'était jamais douté avant que son don de prescience pouvait avoir cette utilité là. Les Serdaigle n'étaient pas vraiment du genre à aller à l'encontre du règlement sauf sur un point : les expérimentations sur la magie. La curiosité emmenait certains élèves à faire de belles bêtises, mais au moins, il avait rarement à désamorcer une bagarre entre deux élèves de sa Maison. Quelques fois, entre un Serdaigle et un élève d'une autre Maison, en particulier les Gryffondors et les Serpentards.

Il était bien aidé par le fait que certains professeurs, comme le Professeur Flitwick, semblaient considérés qu'une mise au point était nécessaire. Si tous avaient insisté sur l'importance des BUSE qu'ils devraient passer en fin d'année, le professeur de Sortilèges avait aussi insisté sur l'importance de parfaitement maîtriser les sorts et enchantements des années précédentes. Néanmoins, il avait prévenu. Aujourd'hui, ils apprendraient leur premier sort de niveau 5. Et Ferkad savait que pour lui, ce serait tout particulièrement un défi.

En effet, contrairement à sa cousine, Ferkad avait du mal à pratiquer les enchantements, maléfices, malédictions, métamorphoses... Bref, il avait de la peine quand il s'agissait d'utiliser sa baguette. Il s'exprimait bien mieux dans les arts autrement subtils et en apparence plus difficiles des potions, de la divination et de l'arithmancie.

Dans le silence, il s'installa en observant son Directeur de Maison sur son habituelle pile de livres. Il vit entrer Lupin, Serena et Pearl, qu'il salua d'un signe de tête. Et le silence se fit quand le Professeur Flitwick fit apparaitre une boule de feu. Et là, Ferkad espéra très très très fort que ce ne serait pas ce qu'ils auraient à faire. Il s'interrogea aussi sur la bougie que tous avaient posés devant eux. Est ce qu'ils en auraient besoin pour lancer le sort ?

Ayant capté l'attention de ses élèves -bien que Ferkad pour sa part n'eut pas besoin de ceci pour être attentif- Flitwick posa une question et Ferkad leva aussitôt la main.

"C'est un sortilège qui permet de rendre le feu inoffensif, on ne ressent qu'une sensation de chatouilles."

Le professeur fut satisfait de sa réponse. Même s'il aurait pu continuer. Il connaissait cet enchantement depuis qu'il avait, en troisième année, fait un devoir sur Gwendoline la Fantasque, la même que le Professeur cita. En vérité, tous les élèves de la classe devraient la connaître. Cela n'empêcha pas Ferkad de prendre en note consciencieusement tout ce que disait le petit homme. S'il n'arrivait pas bien à lancer les sorts, au moins devait-il se rattraper sur la théorie.

Il écouta donc attentivement, et se répéta plusieurs fois la formule dans sa tête. Une part de lui espérait n'avoir jamais à utiliser un tel enchantement. De nos jours, les sorciers n'étaient plus brûlés vifs. Et il n'y avait plus de guerre de sorciers. De toute façon, en cas d'une telle guerre, Ferkad se contenterait bien sagement de rester cacher tout en informant sa famille de ce qu'il pourrait apprendre grâce à son troisième œil. Il serait bien plus utile ainsi qu'en combattant. Sa cousine en revanche semblait excitée à l'idée d'apprendre ce sort et Ferkad devinait sans peine les pensées qu'elle avait : la prochaine fois qu'elle affronterait Lupin au club de Duels, elle allait sans aucun doute essayer de l'utiliser.

Après les explications du professeur, vint le moment de lancer le sortilège. Ferkad alluma sa bougie avec un timide "Incendio !" puis se concentra. Il lui semblait avoir reconnu dans le geste du professeur le signe du poisson. Un signe du zodiac évidemment associé à l'eau. Cela ne serait pas incohérent avec le but du sortilège, de la même manière que la formule était composée pour faire un anti-feu. Après un soupir, il se lança.

"Frignis"

Mais sitôt qu'il plaça un morceau de parchemin dans la flamme, celui ci brula instantanément.

"Mettez y plus de convictions, Monsieur Adams"

Ferkad hocha de la tête à l'attention de son Directeur, puis recommença. Néanmoins, une demi heure passait vite, très vite. Il ne fut pas surpris de ne pas y arriver. En revanche, Pearl, elle, finit par obtenir un résultat suffisant pour se voir accorder 10 points pour Serpentard.

En sortant de la salle de cours, Ferkad passa près d'elle et la félicita rapidement, avant de fuir sa petite troupe de fans bruyants qui la suivait partout. Il fila à la bibliothèque afin de faire quelques recherches sur ce sort de magie noire qu'était le Feydeymon, comme l'avait demandé leur Professeur.  

Les cours, c’était chiant. Il n’était pas rare que Ted s’ennuie en cours, malgré qu’il reste attentif. Il avait un réel besoin de s’occuper, de s’amuser, pendant les dits cours, afin qu’ils passent plus vite. Et c’était encore plus vrai quand il s’agissait uniquement de révisions lors du cours de Sortilèges. Il y avait bien des cours où ça ne lui ferait pas de mal de réviser, mais les Sortilèges n’en faisaient pas partis. Deux semaines d’ennui ferme dans l’un de ses cours favoris. Heureusement, aujourd’hui, c’en était fini. Heureusement, aujourd’hui, ils allaient enfin apprendre quelque chose de nouveau.

Il était donc excité comme une puce en entrant dans la salle de cours. Entouré de sa petite cour, il s’installa en face de Pearl et de sa propre cours. Fort heureusement pour la tranquillité de toute la promotion, les deux s’entendaient bien. S’il y avait compétition entre tous les deux, elle restait dans le domaine du fair-play et de la bonne ambiance, que ce soit au Quidditch, en duel ou pour gagner des points en cours. Il lui adressa un clin d’œil et un autre à Serena. Il était bruyant, sans conteste, mais dès que le Professeur Flitwick fit apparaître sa boule de feu, il se calma. Ça, il aimerait bien être capable de le faire.

Flitwick choisit ne pas l’interroger lui, mais Adams. Ted prit quelques notes succinctes sur ce sortilège mais il observait Pearl qui semblait ravie du programme. Lui un peu moins. Le sortilège de Feu était un classique de ses duels et il allait se sentir tout triste si ses adversaires se mettaient à geler ses flammes comme si de rien n’était. Gwendoline la Fantasque, bla bla bla… Contre-sort d’Incendio à condition de bla bla bla… La formule était Frignis. La consonance latin de ce sort lui semblait bien moins marquée que sur d’autres.

La démonstration du gnome était impressionnante. Une boule de feu inoffensive, on ne voyait pas ça souvent, il fallait bien l’avouer. Ted continua de prendre des notes tâchant de se concentrer sur les mots du professeur malgré sa hâte de commencer. La formule était bien d’origine latine, bien que sa musicalité semble si différente. Presque germanique. Sa construction semblait simple, même si Ted se demandait bien comment celui ou ceux ayant invité le sortilège se sont décidés à faire comme ça et pas autrement. Il laissait allègrement vagabonder ses pensées et ses notes en étaient parfois un brin confuses.

Néanmoins, les cas où l’enchantement était inefficace l’intéressèrent. Il allait peut être pouvoir piéger ses adversaires grâce à ça. Même s’il n’avait aucune idée de la température de son sortilège de Feu. Apparemment il lui faudrait apprendre d’autres feux magiques. En dehors du Feudeymon, évidemment. Il prit un parchemin pour préparer ce futur devoir sur cette magie noire, afin de se souvenir de le faire.

Le cours commençait à arriver sur sa fin. C’est ce moment que choisit Flitwick pour enfin leur permettre de mieux voir son geste afin de lancer le sort et surtout, leur permettre de s’y essayer. Studieusement, le Poufsouffle fit de son mieux pour reproduire la gestuelle jusqu’à ce que leur professeur soit satisfait. Puis il fit son premier essai.

Il alluma d’un Incendio tranquille sa bougie. Souffla un coup. Puis se lança.

« Frignis. »

Lorsqu’il approcha son parchemin de la flamme de la bougie, celui ci eut tôt fait de s’enflammer. Pour autant, Ted ne déclara pas forfait. Il recommença.
Une fois. Deux fois. Trois fois… Pearl y arriva et lui adressa un sourire victorieux qui ne fit que renforcer la volonté de Ted pour lui même y arriver.

« Frignis ! »

Cette fois ci, quand il plaça son parchemin sur la flamme, il ne commença pas à brûler. Victorieux, il appeler le professeur afin de le lui montrer. Mais quand celui ci finit par arriver, Ted du lâcher son parchemin brûlant. Okay, peut être que la flamme n’était plus assez chaude pour transformer le parchemin en cendres, mais elle restait trop chaude. Néanmoins, cette performance lui valut cinq points pour Poufsouffle.

La fin du cours sonna et Ted rangea tranquillement ses affaires. Il se vengerait de la petite victoire de Pearl en cours de métamorphose, il en était absolument certain. Il attrapa Serena par le bras, l’emportant avec lui en cours d’Arts et Musiques Magiques dans un éclat de rire alors qu’il lui racontait quelques anecdotes croustillantes sur le dernier match de Quidditch de l’Angleterre.